* du Grec, pélos (noirâtre) et eidos (aspect).
Je reste le plus longtemps possible sous cette eau thermale, qui coule à flot, à la fois flasque et drue, puissante et molle. J'ôte méticuleusement toute la boue de mon corps. Josiane termine ma toilette au jet d'eau comme si j'étais une vulgaire voiture, et elle termine par le dessous de mes pieds, avant de me tendre une serviette bien chaude.
J'enfile mon peignoir. C'est terminé : je ressors tout embuée et ramollie.
C'est souvent alors le temps pour quelques-uns et unes d'entre nous, de passer sous la douche térébenthinée : brumisante et aux senteurs de pins. Un délice.
Elle est projetée mécaniquement par de petites buses fixées au fond de la cabine et réglées depuis l’extérieur par la baigneuse.
C'était plus compliqué autrefois...
De nos jours, en quelques minutes, c'est chose faite et nous partons alors vers la salle de repos obligatoire après "la boue".
Les salles de "repos" sont au premier étage des Thermes de l'Avenue.
Elle se composent d'un salon avec fauteuils pour ceux qui préfèrent rester assis et lire ou causer à voix basse, de deux pièces fermées où l'on se détend davantage car les chaises longues nous y incitent, et d'une terrasse de style plus "grand hôtel".
Cette dernière est prise d'assaut par les adeptes de la bronzette à tout prix. Je n'y suis jamais allée. Pas de place. Et trop de soleil pour moi, de toute façon.
Je lui ai préféré la grande salle de repos, où je m'étendais près d'une fenêtre entrouverte sur le ciel, les pigeons et une sorte de mirador, cube blanc claquant sur un ciel qui fut immuablement bleu tout au long des trois semaines de la cure.
J'avais au préalable, depuis ma colline, enregistré sur mon téléphone à tout faire quelques cantates de Jean-Sébastien Bach, la musique du thème central de (l'excellente série) Kaamelott, et surtout l'exercice de visualisation, "dialogue avec les cellules" de Pierre Lessard et Guy Corneau, que m'avait conseillé mon petit frère lorsqu’il avait appris que j'avais un cancer. Merci à lui.
Frissons de bonheur intime et intense, dans mon cocon de paix et de méditation.
J'ai compris là, dans ce huis-clos avec moi-même, que je devais vivre ma vie telle que mon corps me la réclame et me la propose : toute en chant, danse, calme, lenteur. Par petites touches. Par petites bulles. Eclats de luciole...
Sans plier indéfiniment. Jusqu'à la rupture.
Au risque de ne pas plaire.
Après le repos et la relaxation, le recueillement sur soi, les soins se poursuivent dans une palette aquatique allant de la gymnastique en piscine, aux aéro-bains, en passant par les massages et les douches sous-marines.
A midi passé je sors sur un petit nuage !
Et j'ai faim !
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