Quelques gouttes de soleil entre des rayons de pluie. Ainsi je suis, petite bestiole que la fin de l'hiver endort parfois et que les prémices du printemps titillent !
Un vieil étang 古池や
Une grenouille saute 蛙飛びこむ
Le bruit de l'eau 水の音
Bashō (Japon XVIIᵉ siècle)
Hier, juste après le repas de midi, Lou et moi sommes sortis prendre l'air du temps. A peine le seuil de la maison franchi, nous avons entendu les "krooooh" puissants des grues cendrées qui passaient au-dessus de la colline.
Un vol important de plus d'une bonne centaine de grues, grand V ondoyant aux longues jambes, par-dessus les branches encore noires des chênes : elles remontaient déjà vers le Nord !
Le matin, dans le chaud de ma couette, quand les rêves de la nuit s'effacent, me viennent parfois des envies de café chaud, d'oranges rondes et gonflées de jus, d'amandes, de miel et de pain grillé.
Il est alors temps de me lever et de rejoindre le monde des vivants.
Mon médecin traitant, le Dr Garrigues, m'a trouvée debout pour l'accueillir à sa dernière visite. Il était si content de me découvrir ainsi qu'il m'a serré chaleureusement la main en me disant avec un vaste sourire "la petite bestiole est debout !".
Cette phrase m'a vraiment touchée ! C'était exactement ainsi que je me ressentais, et j'ai ri de bon cœur !
Voilà : la petite bestiole est debout. Chancelante encore mais debout.
Lou et moi lorsque nous nous baladons doucement sur la colline, faisons halte souvent pour écouter une mésange, des corneilles, un pic épeiche, des chiens de chasse qui courent et jappent au loin comme des dératés, les chevreuils qui commencent à brailler dans les combes.
Partout les bestioles s'éveillent.
L'autre jour, tout petit, tout noir luisant, dans les mousses vertes, nous avons vu un "crache sang", petite bestiole à l'abdomen rond comme un ballon qui cheminait cahin-caha...Nous l'avons longuement observé.
Un autre jour ce sont encore des chenilles processionnaires du pin dont le long "serpent" brun s'étirait sur le sentier...
Et puis, tous les jours ou presque, les papillons vulcains se chauffent, ailes ouvertes, au soleil du début d'après-midi, tandis que les abeilles et les bourdons n'ont pas cessé de butiner nos romarins.
Le printemps est à la porte et attend impatiemment que l'hiver s'en aille, mais, le "vieux bonhomme" ne se laisse pas déloger aussi facilement ! Quelques bons coups de vent du nord, bien glacial, quelques giboulées de pluie et neige mêlées nous rappellent à l’ordre.
Pas d'impatience !
Tour doux les petites bestioles !
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